La maison Joseph Chiasson fut construite vers 1890. Elle fut bâtie peu après la naissance de la première fille de Joseph, Célestine. Cette maison vernaculaire d’un étage et demi, se veut, avec ses lucarnes-pignons en façade et sa cuisine d’été, le reflet véritable de l’influence cottage classique sur la construction résidentielle de la fin du 19e siècle, dans le paysage rural du Nouveau-Brunswick.
Contrairement aux maisons acadiennes du 19e siècle, les murs intérieurs de la maison Chiasson sont recouverts de lambris peints. Dans la cuisine, on remarque qu’il y a une pompe à eau intérieure, ce qui est plus fréquent chez les maisons acadiennes des années 1890-1930.
En ce qui concerne le mobilier, celui-ci a beaucoup évolué depuis le siècle précédent. Depuis la fin du 19e siècle et surtout depuis le début du 20e siècle, les Acadiens peuvent désormais se procurer des meubles et des pièces de mobilier de fabrication industrielle provenant de l’extérieur du Nouveau-Brunswick. Par ailleurs, les Acadiens, de fervents catholiques, placent des images saintes et des statues de la Vierge Marie ou du Sacré-Cœur, afin de décorer leur maison et de démontrer leur attachement à la religion.
Si nous nous attardons à la vie de Joseph Chiasson, on peut dire que celle-ci est mouvementée. Joseph, né à Lamèque en 1866, est le fils d’Abbé Chiasson. Ce dernier quitte l’île Lamèque, comme plusieurs habitants de l’île, en compagnie du père Louis Gagnon, afin de fonder la colonie de Saint-Isidore. Joseph, étant encore jeune, accompagne son père et le reste de sa famille. Il épouse en 1888 Clothilde Parisé, mais malheureusement, celle-ci décède en 1902 et Joseph épouse en secondes noces, Odile Mallais de Saint-Isidore, l’année suivante. En tout, Joseph eut 18 enfants.
Joseph est fermier; il cultive sa terre l’été et travaille dans les chantiers l’hiver. Il peut aussi être ouvrier dans les moulins, notamment pour le compte de David Haché. Avant son décès, survenu en 1920, Joseph possède des vaches, un bœuf, une douzaine de moutons, des poules et des cochons. Comme la plupart des fermiers, il cultive des pommes de terre, des navets, des carottes, des betteraves, de l’avoine, du sarrasin et du lin.
Le 21 avril 1920, à Saint-Isidore, Joseph décède de la grippe espagnole. Il laisse toutes ses possessions et propriétés à son épouse, Odile. Odile, maintenant devenue veuve, place six de ses enfants chez son frère, Barney Mallais. Abbé, âgé de 30 ans est resté « vieux garçon » à cause d’un handicap à la jambe et demeure donc à la maison avec sa mère et son frère, Albert, âgé de 14 ans.
Odile part pour Montréal la même année, probablement pour y être servante. Elle revient à Saint-Isidore en 1924, où Albert tente, tant bien que mal, de subvenir à ses propres besoins et à ceux de son frère, en travaillant dans les chantiers l’hiver et en cultivant la terre l’été.
Suite au retour de leur mère, certains enfants se réinstallent dans la maison familiale. En 1925, Odile épouse en secondes noces Joseph McGraw, mais aucun enfant ne naît de cette union.
Odile décède en 1933 à l’âge de 50 ans. Dans son testament, elle laisse à son époux, Charles McGraw, deux acres de terre à Saint-Isidore et à son fils, Richard Chiasson, la maison, les granges et autres bâtiments. Elle demande aussi à Richard de prendre soin de son beau-père, Charles McGraw, jusqu’à ce qu’il se remarie où qu’il devient désagréable.
Richard part vivre à Québec et c’est vers 1949-50 qu’il a vend la maison à son frère, Médard Chiasson. À ce moment-là, la maison était barricadée. Médard Chiasson est marié depuis 1941 à Catherine Ferguson et habite à Montréal depuis quelques années. Il a vécu à Montréal, mais est décédé à Saint-Isidore où il s’était construit une maison tout près de la maison familiale.
La maison Chiasson, que l’on retrouve au Village historique acadien, a servi de maison d’été à la famille de Médard, dès qu’il l’a acquise de son frère, Richard. Médard est décédé en 1988 et désirait que la maison soit préservée, alors la famille l’a offert au Village. Son épouse, Catherine, est reparti vivre à Montréal en 1994 et y resta jusqu’à son décès survenu en 1999.